HISTORIQUE DÉTAILLÉE
DU CAS n°3 DE LA HAUTE-LOIRE

(CAS CLINIQUE détecté par le réseau d'épidémiosurveillance)(n°211 du 4/04/01)

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Commémoratifs de mon confrère le Dr B

Le propriétaire a remarqué, depuis le début février 2001, une difficulté au relevé de l'animal : la vache a déjà cassé l'abreuvoir en se levant avec difficulté. Lorsque Monsieur X passe derrière ses animaux, son ombre effraie cette vache qui est devenue depuis lors très craintive, toujours sur le qui-vive.

Le samedi 17 février, la mère de Monsieur X a, de bonne heure, allumé l'étable et la vache a eu une réaction démesurée qui s'est traduite par une grande nervosité accompagnée de difficultés à se relever. Les propriétaires l'ont alors changé de place et la vache a montré une ataxie et des tremblements. L'ensemble de ces symptômes ont conduit Monsieur X à m'appeler ce jour là.

Samedi 17 février 2001

Je me rends donc le samedi 17 février à "Lieu-dit" pour examiner l'animal.
La vache présente quelques tremblements lorsqu'elle sent que l'on s'occupe d'elle.
On note une hypersensibilité au toucher, aux niveaux de l'encolure et de le tête (presque uniquement du côté droit.)
L'hypersensibilité au bruit est réelle, mais peu reproductible après les premiers essais.
L'hypersensibilité à la lumière qui avait été observée par les propriétaires le matin même, n'est plus reproduite par l'éclairement des globes oculaires à l'aide d'une lampe électrique.
Le toucher des postérieurs avec un bâton provoque des coups de pied violents.

Nous faisons sortir l'animal de l'étable. On peut noter une attitude de grande inquiétude lors de l'appréhension d'un sol de nature différente de celui de l'étable. Un simple tuyau de matière plastique est déposé sur le sol, et on force la vache à le franchir. L'animal s'arrête, regarde le tuyau, puis le franchit d'un coup, en le sautant.
La vache présente en outre un comportement surprenant : une casserole posée à même le sol et servant de gamelle au chien l'attire irrésistiblement, et elle se met à la lécher sans arrêt, à tel point que l'on doit retirer ce récipient pour pouvoir examiner l'animal dans d'autres situations.
On peut aussi remarquer que l'animal se lèche très souvent les naseaux. Cette vache, en outre, éternue très souvent. Cet éternuement est manifestement d'origine nerveuse puisqu'il est improductif et visiblement pas de nature fonctionnelle.

A la vue de l'ensemble de ces symptômes, je téléphone au Docteur Pierre LAVIE qui décide de mettre cet animal sous surveillance, ce que je confirme le jour même à la Direction des Services Vétérinaires par fax.

Lundi 19 février 2001

Je me rends chez Monsieur X dans l'après-midi . La vache a toujours un comportement qui signe une grande inquiétude : oreilles mobiles, hypersensibilité au toucher. Me tenant à l'arrière de l'animal, celui-ci ne me quitte pas des yeux et me regarde fixement. Le moindre pas en avant provoque chez cette vache des réactions de sursaut démesurées par rapport à la menace que je suis sensé représenter pour cet animal.
Le lendemain, le propriétaire est rentré dans l'étable sans allumer et a braqué une lampe de poche sur la vache, ce qui a provoqué une réaction de sursaut, puis des tremblements.

Jeudi 22 février 2001

La démarche de l'animal s'est dégradée. Tous les comportements déjà décrits sont encore présents. De plus, la vache baille assez souvent. Les signes cliniques sont toujours observables mais relativement peu marqués.
Quelques minutes de vidéo amateur ont été réalisées ce jour, pour illustrer si besoin, l'état de l'animal ce jour là ...

Je rends compte au Docteur LAVIE de ces observations et nous décidons de prolonger la surveillance avec peut-être une décision d'euthanasie de l'animal pour le début de la semaine suivante.

Mercredi 27 février 2001

Peu de signes cliniques ce jour, ainsi que les jours précédents selon les déclarations des propriétaires qui examinent minutieusement leur animal.
Lorsqu'on fait sortir l'animal, celui-ci hésite longuement et tremble pour franchir la rigole, mais après, sa démarche et le franchissement d'obstacles sont pratiquement normaux. Les autres symptômes (hypersensibilité cutanée, attitude craintive, etc.…) ont pratiquement disparu.

Devant le peu de symptômes (période de rémission ? ), nous décidons, Pierre LAVIE et moi-même de prolonger la période d'observation. J'en informe par téléphone Madame la Directrice des Services Vétérinaires.

Lundi 5 mars 2001

Toujours peu de signes cliniques, si ce n'est une dégradation notable de l'appétit (sauf les concentrés).

Jeudi 8 mars 2001

Lors de ma visite je constate que l'animal mange de nouveau du foin. Son état général s'est un peu dégradé du fait de son manque d'appétit.
Un nouveau symptôme est apparu de façon marquée : le grincement de dents, qui, d'après Madame X, est difficile à supporter tant il est intense. La vache étant proche d'une fenêtre, le simple fait de taper aux carreaux la fait sursauter.

Jeudi 15 mars 2001

Madame X me signale une grande dégradation de l'appétit.
Je téléphone au Docteur LAVIE qui me donne rendez-vous le jour même à 15h30 chez Monsieur et Madame X pour euthanasier la vache.
Nous décidons d'euthanasier la vache dehors. Lorsque l'on détache l'animal, celui-ci trébuche, tombe, et a de très grosses difficultés pour se relever (obligation d'utiliser la pile). La vache, tenue par une mouchette, reste inabordable du fait de son hypersensibilité au toucher. La réalisation de l'intraveineuse pour l'administration de T61 nécessite de coucher l'animal à l'aide d'une corde.

Le prélèvement de la tête est réalisé par le Docteur LAVIE.

27 MARS 2001 l'AFSSA rend un résultat POSITIF

02 Avril 2001 Les 17 animaux du cheptel de Haute-Loire sont euthanasiés ainsi que le troupeau d'origine dans le département de la Saône et Loire.


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CAS N° 4