St-Paulien 2000 ans ?!

Texte de Roger Maurin.

 

LES SOURCES

 

Les documents dont on dispose pour établir l'existence de notre cité il y a 2 000 ans sont très peu nombreux.

Deux sortes de sources font état de l'existence de cette ville

*De brèves mentions apparaissent dans les documents très généraux du monde gréco-romain:

--La géographie de Ptolémée au Il' siècle cite « les Vellaves dont la ville est RUESSIO».

--La table de Peutinger, copie d'une carte itinéraire du monde antique recense les grandes routes de l'empire.
Sur l'itinéraire de Lyon à Toulouse figure REVESSIONE.

--La cosmographie de l'anonyme de Ravenne (compilation d'un moine du IX' siècle abrégeant des documents du Véme siècle) mentionne la ville de RIBISION ."

*Neuf épigraphes au moins mentionnent la cité des Vellaves

--Trois pierres en réemploi, une dans l'église de Lavoûte-sur-Loire, les deux autres à Saint-Paulien.
L'une d'entre elles porte l'inscription toujours bien lisible de CIVITAS VELLAVOR LIBERA.

--Six bomes milliaires, sur les dix-sept retrouvées dans le Velay, portent une indication de distance en milliers de pas, associée à la ville à partir de laquelle cette distance est mesurée. Cette ville est désignée par c v, C VEL,CIVIT VEL ou encore CIVIT VELLA.

 

*L'archéologie du sol

--les travaux conduits dans les années 20 par Ulysse Rouchon et ceux de Marie-Christine Pin-Carré dans les années 80 apportent des informations complémentaires qui permettent d'émettre des hypothèses que seules des découvertes ultérieures peuvent venir confirmer ou infirmer.

 

AVANT LA CONQUETE

Avant la conquête de la Gaulle par les Romains, des Vellaves (César les désigne ainsi) sont établis sur le plateau qui domine le château de la Rochelambert. Cet oppidum d'une douzaine d'hectares entouré par la Borne et la Gazelle est le seul oppidum gaulois qui ait été reconnu à ce jour dans le Velay (grâce notamment aux travaux d'Alain Quinqueton).

 

LA FONDATION

Après la conquête, d'une façon générale, les habitats de hauteur sont abandonnés au profit de sites de plaine. La colonisation et la fondation des villes s'effectuent en grande partie sous le règne d'Auguste (27 av. J.C. - 14 ap. J.C.). Son gendre, Agrippa, construit les grandes routes de la Gaule romaine. L'une d'entre elles, qui conduit de Lyon à Toulouse, passe par RUESSIO ; elle est connue chez nous sous le nom de la via Bolène. La fondation de notre ville date de cette époque. Son urbanisation se poursuit sous le règne de Tibère (14 - 37 ap. J.C.).

Le jour de la fondation d'une ville nouvelle, les géomètres romains visent le soleil levant et tracent la grande rue est-ouest, le decumanus maximus ; perpendiculairement à celle-ci est également tracée l'autre grande rue nord-sud, le cardo maximus. Un réseau de rues parallèles et perpendiculaires est établi. Ce corroyage antique est aujourd'hui encore lisible sur le plan cadastral de notre commune et les irrégularités, quand elles existent, peuvent être expliquées par l'histoire.

 

LA VILLE

Un gros effort d'imagination va nous permettre de recontituer la ville au moment de son apogée vers le milieu du 111, siècle après Jésus-Christ. Elle a perdu son nom d'origine gauloise RUESSIO OU REVESSIONE (1)(latinisé en RUESSIUM OU francisé en RUESSIE !). Elle est devenue la «CIVITAS VELLAVORUM», c'est à dire la capitale du peuple des Vellaves. Elle rend hommage aux empereurs de Rome à travers deux dédicaces venues jusqu'à nous, l'une à l'impératrice Tranquillina, épouse de Gordien (238-244), l'autre à l'impératrice Etruscilla, épouse de Trajan Dèce (249-25 1).

C'est une ville ouverte, sans remparts, qui prospère dans la paix romaine. Elle s'étale sur un terrain plat orienté vers le sud et vers l'est. Ses limites extrêmes sont, à l'est l'actuelle maison Lavie, à l'ouest le garage Bouchet, au sud la place Jeanne d'Arc, au nord le garage Colombet ; elle couvre une superficie de 30 hectares et sa population peut-être évaluée à 3 000 habitants.

Le decumanus maximus croise le cardo maximus près de l'actuelle maison de retraite où se trouve le forum et où s'élèvent les édifices publics en pierres de grand appareil. les constructions publiques et privées occupent les îlots formés par le quadrillage des rues.

Les nécropoles sont situées à la sortie de la ville, l'une à l'est à l'emplacement de l'actuel cimetière, à proximité du decumanus maximus, l'autre au sud à l'emplacement de l'actuelle église Saint-Georges, dans le prolongement du cardo maximus. Comme toutes les cités de la Gaule romaine, la CIVITAS VELLAVORUM a un théâtre ; il n'a pas encore été retrouvé, il faut le chercher au nord en direction de Saint-Geneys, dans la colline à l'ouest de la D 906.

C'est de Saint-Geneys que vient l'eau nécessaire à la vie de la cité. Des noms de lieux du terroir (2) de Saint-Geneys sont très significatifs : au nord du village, sous Peyramont on trouve «La Sagne don Bains», et plus bas, vers Chabatou, en bordure de la D 906, «Lôu Bains».

On peut raisonnablement penser que les thermes étaient situés plus bas, mais que l'eau qui les alimentait venait de là.

 

LE BIMILLENAIRE

Saint-Paulien a 2 000 ans et le temps est sans doute venu de commémorer ce bimillénaire.

La date exacte de la fondation de la ville ne sera vraisemblablement jamais connue avec exactitude aussi la fourchette est large et nous laisse le temps de mûrir le projet.

Une telle célébration demande à être préparée avec soin. Tous les acteurs locaux intéressés doivent pouvoir s'y investir et se regrouper dans un comité de pilotage chargé d'organiser les manifestations, de rechercher les partenaires, de solliciter des subventions,...

Enfin, il ne faut pas perdre de vue que si la CIVITAS VELLAVORUM est la capitale d'un peuple, c'est aussi un pays, la cité des Vellaves à la tête duquel elle était placée et que quelque part, cette commémoration concerne tous les habitants du Velay.


stalle

Dédicace à Etruscilla. Photo P. Burger.

(1)ces deux graphies REVESSIONE et RIBISION bien qu'apparemment très différentes peuvent en fait recouvrir des prononciations proches.(retour au texte)

(2) les terroirs : «un témoignage d'humanité que rien n'efface».(retour au texte)


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